La bonté est un mot suranné qui n’est plus Usité à l’année chez les maîtres d’école Qui préfèrent parler de bataille d’Arcole Ou de sécheresse quand la pluie n’a pas plu.
Naguère, il était de bon ton dans notre langue D’évoquer une âme liée par la bonté Et autour de laquelle il s’était raconté Qu’elle était vertu plus que juteux jus de mangue
Innervé dans sa pulpe entourant son noyau Qui coule des lèvres jusqu’à ses commissures Et entre dans le corps encore en vomissures Que secouent les hoquets jusqu’au fond du boyau.
Le fiel est maîtrisé, les miasmes dissous Et les organes qui se sentaient malaisés Sont par le suave nectar si apaisés Qu’ils remontent tout doux des bas-fonds leur dessous
L’être est né de nouveau après le grand lavage Le changement du sang empli d’impuretés Et ainsi la bonté sort de ses raretés Pour distribuer son délicieux breuvage
La bonté ennemie de la méchanceté Ne recule pas et se livre à la bataille En réduisant l’âcre âme à une telle taille Que se brise la voix dont le beau chant se tait.
Et la méchanceté pour la bonne personne N’a qu’un goût de mépris puisqu’elle ne croit pas Possible de donner la longueur de son pas A celui qui n’attend pas qu’à sa porte on sonne.