La petite un peu lasse après avoir marché A travers bois et prés s’assied et se repose En regardant couler d’un genou écorché Un mince filet de sang qu’à l’air elle expose.
Son mouchoir ne lui sert qu’à protéger sa tête Quand le soleil darde son violent rayon, A nettoyer ses yeux et son nez en trompette Et la goutte de lait pendue à un trayon.
« Surtout, ne le tache pas ! » Disait sa maman ; « Marron, vert, rouge ne craignent pas la lessive ; L’ortie blanche est alors un bon médicament Pour stopper la coulée et la douleur si vive. »
Elle avait pris le temps de cueillir un bouquet De fleurs printanières aux tons multicolores Posées devant ses pieds à l’ombre d’un bosquet En espérant que leurs plaies étaient indolores.
« La fleur est à la terre et non pas à la main » (Lui disait sa mère en pressant un pis de vache ; ) Qu’on la laisse au bois, au champ, au bord du chemin : L’oiseau l’entend pleurer quand un humain l’arrache…
Le houx a une épine et la mûre une ronce Si la pâquerette ne griffe pas la peau ; Puanteur et douleur font que le nez se fronce ; La chèvre a son berger et, lui, joue du pipeau. »