Ne me demande pas si la fleur est heureuse Quand survient le printemps ; Je sais pertinemment qu’elle est une amoureuse D’un soleil éclatant ; Vise celle-ci qui ouvre un crémeux pétale Sur des pépites d’or Dressées en son cœur et sa corolle s’étale Pour jouir au dehors. Mire sa tige à la brise qui se balance Et goûte au doux frisson ; Son corps élancé penche, avec grâce, en silence Et frôle un hérisson. La marguerite est la sœur de la pâquerette Qui lui ressemble autant Qu’un dahlia imitant l’astrance en collerette Quand il est tremblotant ; Des prés, des bas-côtés, des bois clairs, elle est reine Et modeste, pourtant ; Peut-être que Dieu a semé sa fruste graine Par don et non pour tant Comme violette, lys, primevère, rose Et sauvage églantier Qui sortent de l’hiver et nettoient la nécrose De son cœur en entier. Ces féminines sont de coquines gamines Riches de leurs atours Qui ont grandi comme poitrines benjamines Valant de grands détours ; Appelle-moi si tu vois la fleur malheureuse Au moment du printemps Et si tu rencontres une fille peureuse D’atteindre ses vingt ans.