Je n’ai pas toujours eu la grâce de me taire Puisqu’endémiquement, ma race est libertaire Mais aujourd’hui, je dis Que mardi et jeudi Et peut-être (si je fais un effort) dimanche J’abaisserai ma voix et mes revers de manche En demeurant assis Jusqu’à être rassis Et mon mol os ira se sécher dans la fosse Où d’autres frères os ont eu cette idée fausse D’avoir appartenu A qui a détenu Un souffle de vent frais qui rase la montagne, Courbe les blés des prés et va voir la Bretagne Où chantent les trois Jean Devant dix mille gens Avant de repartir en méditerranée Peuplée d’estivants à l’histoire surannée Fuyant Paris, Angers Où sont tous les dangers Alors qu’elle est là, bleue, la vague qui emporte La crasse accumulée, noire ou bistre, qu’importe, Dans les conventions Pauvres d’inventions, De renouveau, d’un air iodé qu’on respire Où commence à l’aplomb des calanques l’empire Des longs rugissements Et des vagissements Terriblement cruels qu’entendent à fleur d’onde La population venue d’un autre monde Avec ses fins de mois Ses grandes faims d’émoi Alors que mon malheur fut d’avoir la vie belle Et plus belle encore dans mon beau corps rebelle Et dans mon faux cerveau Qui fustigeaient le veau Ainsi que le poussin qui suit la mère poule Et les bons voisins qui se moulent dans la foule Mais, moi, fort, je criais Et mon père riait : « Tu vas bien te calmer, tu prendras dans ta gueule Des coups qui laisseront aller ta tête seule A chercher le fauteuil Qui t’attend sur le seuil De ta cabane où passe en se moquant ce gosse : « Alors, le vieux, tes os vont bientôt dans la fosse ? » Tu resteras assis Rouillé dans ton châssis Car tu ne pourras plus te retrousser la manche Et lui botter le cul à cause de ta hanche En hurlant « chenapan, Prends ça dans ton tympan. »