C’est vrai que mes souliers marquaient Les lamelles de mon parquet Qui recouvrait toute la salle Naguère assez glacée et sale Utilisée par un boucher Au langage mal embouché Hélant ainsi une cliente : « Ma viande n’est pas de la fiente ! » Mais, moi, je suis marcheur le jour Et, amateur, le soir d’amour D’une fidèle clientèle Portant bas de soie et dentelle Exigeant un endroit propret Sentant le frais et sans apprêt Qui avait bien vu la rayure Causée par un fer de chaussure Que j’avais – oh ! - débilement Gardée aux pieds futilement. « Pourquoi ferrez-vous vos souliers ? Seriez-vous un fou à lier ? La pratique est passée de mode Bien que ce fût assez commode Pour éviter de les user Si l’on voulait en abuser. » Depuis lors, je porte des mules Qui partout ont fait des émules En louant le parfait confort Du mouvement fait sans effort Grâce à leur matière légère Adoptée par la ménagère, Le notaire et le président, Un vacataire, un résident. Mais, en tant que propriétaire Contrairement au prolétaire Il me semblait qu’un bon mondain Se dût d’être un beau muscadin Vêtu de la tête à la plante Pour s’exhiber à marche lente. Enfin, les mœurs ont bien changé Et ne se sent plus le danger D’enlever la lourdeur qui gêne Pour devenir un indigène Allégé de tout vêtement Qui se montrait complètement Nu tel un ver qui court en terre Se cacher comme en monastère. Le temps n’est plus aux godillots Aux grolles et aux croquenots Que craignaient le chêne et le hêtre Et l’enchaîné à son bien-être… J’ai accepté le changement Pour le plus grand soulagement D’un groupement de féminines Irritées par des faits minimes, (Ravies, depuis) que je parquais Dans mon salon où le parquet Glissait, ciré par la semelle De ma mule et de sa jumelle.