Les chevaux se fouettent tête-bêche les yeux En balançant leur queue au crin blond-fauve-feu ; Les mouches tenaces s’agglutinent, coriaces Sur l’œil désarçonné face aux trompes voraces.
Les flancs sont secoués, le sabot bat le sol : Comment attraper la bestiole en plein vol ? Je suis chagriné de ce spectacle cocasse Du minus qui s’attaque à la grande carcasse.
L’éléphant laisse entrer par son nez la souris Qui monte à son cerveau dont elle se nourrit ; Le pachyderme, alors, se débat, fou de rage Mais meurt vaincu malgré sa hargne et son courage.
Evoquons le moustique abonné à l’éthique De la moralité la plus antipathique Dont la férocité s’acharne sur la peau Pour pomper le sang chaud, même un jour de repos.
La guêpe et le frelon, l’abeille avec le taon, Se ruent sur le bipède (et surtout par beau temps) Egaré « bêtement » au sein de leur réserve Ignorant sans doute que sa présence énerve.
S’il s’assied par hasard sur une fourmilière, Il se lève d’un bond, la brûlure au derrière ; La guerrière vient de transmettre son venin Par son aiguillon fin (mais le mal est bénin)
Toute la légion des petits animaux N’habite pas nos cœurs : on en parle à mi-mots… Et lorsque vient l’été, seuls grillons et cigales Détournent nos pensées des pattes des mygales.
Il est bon d’affirmer avec sincérité Que ces lilliputiens n’ont guère mérité D’être si mal aimés pour leur souci de vivre Sur le dos du gros qui pèse plus d’une livre.