Vos
poèmes

Chacun est proche de la terre
Et l’enfant la frôle de près
Sans intention délétère
Car il ne le fait pas exprès.

Lorsque, mal assuré, il tombe,
La terre l’accueille en douceur
Ainsi que le mort dans la tombe
Avec un peu plus d’épaisseur.

Le petit sorti de maman
Voit l’univers au ras des mottes,
Ces tas çà et là si charmants
Qu’il émiette de ses menottes.

Il écoute tout ce qui pousse
Et sent l’étendue des parfums
Autour de l’herbe et de la mousse
Avant qu’ils deviennent défunts.

Il met son nez dans la rosée
Venue rafraîchir le chardon
Et perce sa goutte posée
Sur sa feuille en disant pardon.

Quand il grandit, il se détache
De ce gentil peuple de nains
Et son esprit sali s’attache
A chercher poisons et venins.

°°°

Quand mes yeux seront fatigués
Je regarderai avec honte
Celle qui m’aura prodigué
Bien plus qu’anges et fées d’un conte.

Elle m’a tant laissé jouer
Et je l’ai pourtant délaissée
Mais j’oserai lui avouer
Ma crainte de l’avoir blessée.

Je vais mendier sa bonté
Et la pitié qu’elle a des vieux ;
Mon père, un jour, m’a raconté
Qu’elle était née avant les Dieux.

Oui, elle me pardonnera
Et je dormirai sur son ventre
Puis elle m’enracinera
Dans la profondeur de son antre.