Elle n’est pas laide, elle est moche, la vilaine, La tordue, la bossue, la verrue à sa main ; Un soir ou un matin, elle a lu du Samain Et ce ruisseau des mots fut plus doux que la laine
Qui lui couvre la peau de l’hiver à l’automne : Elle but à ses eaux où buvaient trois oiseaux Qui chantaient et sifflaient entre joncs et roseaux Heureux d’être beaux dans ce réseau qui détone
Par les impuretés qui s’y baignent, si laides, Agrégées en surface autour de ces fraîcheurs Attirant comme par aimant les yeux chercheurs Du miracle engendré par ce duo d’entraides
Pour qu’à tous les yeux, la beauté se voit si belle Que la laideur s’abaisse au pied de la beauté Et c’est la beauté qui garde sa royauté En laissant la laideur aller dans la poubelle.
Elle n’est que mi-laide et n’est que mi-vilaine La bossue inclinant son corps aux os tordus ; Ses cheveux, ses yeux que les soleils ont mordus Resplendissent dans les vents balayant la plaine.
D’aucuns croient que son nom est Hélène ou Mylène Et trois oiseaux de proie parfois vont dans sa main En lui sifflant « ma belle, as-tu lu du Samain ? » Et sa voix flûtée leur chante une cantilène.