L’enfant est entouré d’un monde si cruel Qu’il aurait peut-être moins peur d’une tigresse Mais il doit affronter en bande ou en duel Le même enfant que lui qui l’insulte et l’agresse
Se défendant à coups de mains à coups de poings Ils n’arrête pas le sang coulant dans sa veine Et il ne veut pas mettre à la bataille un point Tant qu’il ne pense pas que celle-ci est vaine
Oh que son orgueil souffre et qu’il a du chagrin Quand il se sent vaincu les deux genoux à terre Comme s’il était le jeune fruit d’un aigrin Qui n’a pas assez du pur jus qui désaltère
Et monte une immense logorrhée dans son cœur Qui recense de grands plans pour une revanche Car s’il est vaincu ce jour il sera vainqueur Comme perd la laideur face à une pervenche
Et si plus simplement, sa vanité sombrait Dans l’océan dansant autour de son navire Aveuglé par un noir nuage qui ombrait La voie qu’il s’est tracée avant qu’il ne chavire ?
Enfant, étouffe ta plainte acerbe et pardonne En ne vois la loi du Talion qu’à l’envers Au lieu de ruminer ta jeune herbe qui donne Des perles de rosée laissées par les hivers.
A l’ennemi aussi cruel que tu peux l’être Montre-lui bien que tu ne crains de recevoir Sur la joue une gifle et écris une lettre Dans laquelle veut sa jumelle le revoir
Et si ce concurrent revient et recommence A te plaquer au sol après t’avoir claqué Le côté symétrique absent de sa démence Fais-lui remarquer qu’il est un gars baraqué
Ton œil embué va retenir une larme Qu’il ne verra pas choir et son corps aura faim De s’agiter encore avec l’une ou l’autre arme Afin que fièrement il parvienne à ses fins
Ne cède surtout pas reste coi et stoïque Sa confiance dans son aile aura des plombs Tirés sans coup férir et sans acte héroïque Mais avec l’arc blanc d’un ange aux longs cheveux blonds.