Hé ! Lambert ! Approchez ! Prenez son revolver, Coupez sa ceinture et sa paire de bretelles Afin que ses cuisses baisent le fol hiver Après avoir frôlé les robes de dentelles.
Allez-y, nom de dieu, n’ayez pas de scrupules Si vous voulez savoir comme est fait l’ennemi ; Comment fut conçu le plus cocu des crapules Qui, sous la menace de la lame a blêmi.
- Sergent, j’ai désarmé cet homme moribond Qui dans deux minutes, aura cessé de vivre ; Son visage est déjà noir comme du charbon Et sur ses cheveux courts, il est tombé du givre.
- Vous parlez trop, Lambert ! Agissez sans tarder. Le combat à mener est celui de la guerre ; Nous sommes en train de nous faire canarder Et vous philosophez : tout ça ne me plaît guère.
Donnez-moi le couteau et finissons-en vite : Je me fous de ce qui retient son pantalon ; Si je lui troue jusqu’au cou le ventre, j’évite De le voir à poil du bassin jusqu’au talon.
- Sergent, n’en faites rien ; faisons-le prisonnier : Il n’a plus d’arme au poing ; il ne peut se défendre Et puis il a peut-être envie de communier Avant que son cœur par la peur vienne à se fendre.
- Prisonnier ? Menotté ? Que veux-tu que j’en fasse ? Je devrai le soigner, le nourrir, le prier De ne pas me cracher son venin dans la face ; Bref, je crains qu’il parvienne à me contrarier.
Ah ! ces sottes pensées ! Assez, assez, Lambert ! C’est à vous ou à moi que revient la besogne Et nous n’irons pas dans un roman de Flaubert ; Autant que ce soit lui qui sente la charogne.
- Bordel de Dieu, sergent, il s’enfonce une lame En plein dans le cœur et en hurlant de douleur ; - Laissez le faire, il se perce la chair ; j’acclame Cette douceur qui donne aux joues de la couleur.