Pour n’avoir commis qu’un petit larcin, Je serai puni d’un tir sur mon sein Protégeant mon cœur derrière sa cage D’un projectile qui frappe et saccage.
Pourront-ils tuer cette part de saint Mise de côté dans le seul dessein D’aider l’orphelin, le veuf et la veuve En leur apportant une épopée neuve ?
Henri m’avait dit « reste loin du vol Car tu seras pris mais prends ton envol Avec l’oiseau qui siffle et nous regarde Pour nous dire : - amis, je monte la garde -
Tu as succombé ; pour quelle raison T’es-tu effondré comme une maison Aux tuiles percées, aux poutres branlantes Gardant trop mal les jambes chancelantes ?
Je sais, c’était pour Paul le mendiant Et pour l’éternel Jean étudiant Un peu l’Histoire et un peu plus sa femme Par peur que celle-ci manque et s’affame.
De dérober un bibi à autrui Entraîne un verdict : tu seras détruit Et ce qui valait même pas un balle Coûtera moins que le prix d’une balle. »
C’est vrai, j’ai gaffé ; j’ai vu le dessin (Ou la photo) d’un maigre buste ceint D’un long ruban comme une banderole Où était écrit : « Donnez-moi un rôle ».
Je fus tout ému ; j’ai pensé à ceux Qui étaient exclus : perdus, malchanceux Et je le mis sous ma chemise ouverte Quand le vendeur en fit la découverte…
Il s’agissait d’un croquis esquissé Par un artiste : qui est-ce qui sait ? Il portait une belle signature D’un portraitiste et peintre de nature.
Je ne me souviens plus bien de son nom : Modigliani ? Ca existe, non ? En tous cas, je suis condamné ; le juge Martela : « une mort, je vous adjuge ! »
En pleurs, mendiant et étudiant Ont bredouillé et en se mordillant Les lèvres : « ce n’est pas ça la justice, Réclamons la paix, faisons l’armistice. »
Mais, ce n’était pas la guerre, c’était Un coup de l’hiver passé cet été Qui me glace le cœur sous la poitrine ; Et mon sein a chaud : il est en vitrine.