J’ai trouvé, par hasard, au fond d’un bas-côté, Un bâton de marche aux enchères non coté. Aujourd’hui, je m’enquis d’aller en Normandie Sous une pluie que le brumeux nord mendie
Mais, je réapparais près de Casteljaloux Où ma maison vit loin de tel cas, tel jaloux Et je constaterai après chaque voyage Revenir bredouille de mon pèlerinage.
Le phénomène se répètera longtemps Et ma marche ne me rendra jamais content ; Quand je partis pour la mer méditerranée Je vis se dresser La Flèche du Prytanée.
J’eus le bénéfice, cependant, de sentir Repousser mes cheveux - je le dis sans mentir - Offerts, jadis, à Dieu, en sacré sacrifice Pour consoler le cœur des porteurs d’artifice.
Je reconnus – c’est vrai - ma mère déjà morte Assise sur son banc, à côté de la porte ; Mon père me chanta la chanson des quat’z’arts En écartant les pans de son large falzar.
Revoilà le tonton et la tata Solange Priant à genoux le Fils, la Vierge, un bon ange Pendant que Mac Mahon, invité pour un soir, Tenait un discours sous les fumées d’encensoir.
Mais, la porte franchie m’imposa de descendre A la cave où trônait l’armoire en palissandre Dans laquelle ma sœur croquait du chocolat Ignorant l’actuel soda coca cola.
J’y trouvai mon grand-père Albert qui dit : « Fiston, Si tu veux avancer, graisse bien ton piston Et jette ce bâton qui progresse en arrière Sans qu’il puisse t’aider à franchir la barrière.
Voilà donc pourquoi je marchais à contre-sens En pensant peut-être à régénérer mes sens ; Maintenant, je siffle avec la main dans la poche En suivant mon chemin même quand il est moche.
L’éther viciant l’air d’un temps de nostalgie M’avait causé une tragique névralgie ; J’enterrai mes années de bals et de flonflons Allégé du bâton de marche à reculons.