Il chantait et sifflait tout en haut dans sa tête Et ne voyait que moi, même tourné de biais ; Tout prétexte était bon pour me faire la fête Et m’écrivait des mots proprets sur un billet.
Je lui donnais des coups rageurs sans le savoir, En soignant mon jardin et mon inconscience Sans penser que ce gars s’était laisser avoir Par un amoureux des Arts et de la Science.
« Je me tuerai pour vous » me dit-il sans sourire… Le verbe est au futur, pas au conditionnel ! Et je lui rétorquai : n’avez-vous rien de pire A proposer à un homme exceptionnel ?
Je riais sans comprendre et je ne pouvais croire Etre aimé à un point tel qu’on veuille mourir ; Il était jeune et beau, au sommet de sa gloire Et mon corps commençait lentement à pourrir.
Ma poitrine était vue, devant et de profil, Naturellement plate, à peine un peu bombée ; Mes rares cheveux gras étaient faits de gros fil Et mes yeux affaiblis avaient la vue plombée…
« Ce n’est pas dans ton corps, animal, que je t’aime, Mais dans un ailleurs que je ne sais définir ; Sais-tu qu’à chaque vers, tu es dans mon poème Et mon cœur, éprouvé, pourrait bien mal finir ? »
Depuis, je ne sais rien de ce qu’il en advint : Serait-il décédé, aplati sous un livre ? Se serait-il noyé dans un litre de vin Alors qu’il ne buvait jamais que pour être ivre ?