De la neige de nuit, as-tu ouï le bruit ? Venue de blanc vêtue, elle a couvert la route, Les toits, les champs, les fleurs et cette vieille croûte De pain dans ton jardin nourrissant l’arbre à fruit.
- Je n’ai rien entendu, les flocons sont malins Et vont à pas de loup tout près de Blanche Neige Qui les prend dans sa main ; eux, lui font des câlins Bien plus doux qu’un crin de cheval sur un manège.
Tous les chats gris sortis deviennent lumineux Et le loup démasqué longtemps hurle à la lune Détaché au sommet d’un mont vertigineux Comme un marin criant « terre » en haut de la hune.
L’encre de la nuit a pâli et le cristal A teinté en entier l’arc sous-tendant sa sphère Et s’épand peu à peu dans l’espace vital Compris entre la terre et la grande atmosphère.
Ô cristaux blancs cachant le bon et le méchant, Le mort et le vivant et qui donnez la joie De vous boire et de vous voir nappant les grands champs, Vous êtes pour l’âme le satin et la soie.
Vous n’altérez pas la membrane du tympan Et vous tombez sans heurt sur la chair du silence Sans passer à coté de ce rosier grimpant Qui vous accueille avec orgueil et insolence.