Au moment où le chant du vent s’entend, Les êtres vivants sont sur le qui-vive Et Vincent qui n’a pas loin de cent ans Sent dans l’âtre la flamme qui s’avive.
Le souffle glacé est né chez le Nord Indiqué sur la carte et la boussole Et il va chanter haut comme un ténor Dont la voix ample rassure et console
Mais ce vent est un lent gémissement Aigu et long qui partage sa plainte A ceux éprouvant un frémissement Quand il tourne autour du mur sur la plinthe.
Il vient droit du froid cet air en courant Poussé par une main de neige pleine Et hurlant sa peine, il va discourant Avec la forêt, le mont et la plaine
Qui, sans lui parler, le laissent passer Afin d’écourter un peu leur supplice Mais contre leur gré, ne cessent pas ces Bouffées espacées dont il est complice.
Ce chant de souffrance est là, chez Vincent Qui avait pourtant fermé sa demeure ; Assurément, il faut qu’il l’évince en Souhaitant même – sûrement – qu’il meure.
Car à l’approche de dix fois dix ans, Il n’aime écouter qu’une mélopée Chaleureuse au lieu d’un vent lui disant Son mal d’une voix perchée, syncopée
En portant le froid dans ses cheveux fins Qui sévit chez lui dans la nuit si riche D’un arrêt de vie et son esprit feint De nier sa fin pire que la friche.
Pauvre élément qui chez Vincent se tord De douleur en se cognant à la table, A la cuisinière, au meuble retors En vocalisant d’un air lamentable
Et ses pieds gelés vont se résigner… Il traîne par terre et demeure inerte … Vincent ne sait plus comment désigner Cet élancement de vitesse en perte.
Et ne s’entend plus qu’un gémissement Pareil au râle tiède d’une bouche Qui sort et s’en va le frémissement Courant chez Vincent qui les fentes bouche.