Je me suis avancé en retenant mon souffle Après avoir ôté de mon pied la pantoufle Et la nuit est venue m’apporter son appui Malgré la lune qui luit et jaunit le puits.
J’ai surpris un chat bleu à la queue blanche et noire Assis sur la margelle en essayant de boire. La lune devint rousse et il avait la frousse Qu’on l’épiât en douce et qu’on vît sa frimousse.
Près de lui, une espèce inconnue, étendue, Front massif et poilu, d’allure inattendue ( ! ) Dotée d’un large cou, de bois de caribou Avec des dents de loup et des yeux de hibou.
Je me suis rapproché avec grande prudence Du couple inespéré qui s’aima en silence. Le chat bleu se leva, le hideux l’imita Et partirent tous deux sans que l’un hésita.
Lors, je me suis assis sur le rebord du puits ; J’ai un peu réfléchi… alors, je me suis dit : Il est souvent le soir que l’on narre l’histoire D’un chat bleu, d’un loup noir gardés en sa mémoire,
Monstres terrifiants faisant peur aux enfants Capables d’affronter des géants éléphants ; Comment évoquerai-je une scène ordinaire Dont le meilleur acteur fut mon imaginaire ?