J’ai connu un dormeur parlant d’un somnifère Le soir avant d’aller se coucher dans son lit Et rêvait - la nuit – d’un espace vinifère Propice aux bœufs las de brouter le pissenlit.
Il disait : « mon ami sait pour le somme y faire Et j’ai toujours vécu des nuits jusqu’au matin Autorisant mon corps d’abord de satisfaire Son envie de paître dans le quartier latin
Où ruminent dans une brumeuse atmosphère Le troupeau de bovins parqués dans un lieu chaud Mettant la tête à terre où gît un hémisphère Plus à gauche qu’à droite aimant faire son show. »
Et mon dormeur a un copain neuroleptique Auquel il cause assez pendant le déjeuner Et en l’observant, il ne semble pas sceptique Sur sa capacité d’être ivre et de jeûner.
C’est que ce malandrin, devenu hépatique A force d’avaler son petit bâtonnet Coloré pour doper la pensée fantastique Raisonne intensément ainsi qu’un garçonnet
Qui craint autant souris, araignée que moustique Venus par milliers dans un ciel encombré D’anges blancs côtoyant Satan épileptique Tuant Dieu après que le soleil a sombré.
Et il voit flotter des hordes d’éléphants roses Dont l’un vient lui donner un bisou dans le cou Et en sentant son nez, il compose des proses Mais guère de vers qui lui coûteraient beaucoup.
Et il s’acoquine en plus et à fortes doses Avec des mélanges d’acides aminés Qui lui font prendre des vessies pour d’autres choses (Peut-être des loups par des rats contaminés)
Les fréquentations qui causent sa névrose Dûment recensée par son environnement Amènent l’extase suivant la sinistrose Et la descente qui suit le couronnement.
Il fut écrit : « la vie qui bouge avant se couche Le sommeil qui viendra bien naturellement Sans le faire passer par le trou de la bouche Mais en l’accompagnant spirituellement. »
La force de l’esprit transforme ce qu’il touche Et l’Enfer prendra un bon goût de paradis Si se peut éviter la connaissance louche Promettant la lune où ne croît pas un radis.
L’esprit fort stoppe le poison mis en cartouche Projetée contre les lèvres afin d’entrer Dans la gorge et pas un moustique ou une mouche N’ose venir par peur de se faire éventrer.
L’anesthésie du corps endort l’intelligence Et l’esprit corrodé, désaxé, va errer Sans plus s’atteler à rechercher l’exigence De s’élever très haut afin de s’aérer.
Le dormeur forcé est dans une diligence Avançant sur un sol de trous et de cailloux Tractée par des chevaux comprenant l’indigence D’un chemin réservé aux pieds souples des sioux.
Soumettre ainsi la vie à une contingence Lui ôte une partie de sa vitalité Et si un faux-ami veut prendre la régence A sa place, il vaut mieux qu’il soit vite alité.
Le dormeur obligé, attendit en veilleur Aux portes du soir la lourde bête de somme Qui lui dit « si tu veux au jour être meilleur Laisse-moi t’endormir comme un bon homme, en somme. »