Vos
poèmes

Etant né avec un pied plat,
L’œil droit qui regarde le gauche,
L’index qui le majeur chevauche,
Il mit l’autre pied dans le plat.

Maintenant, ça suffit, Joseph,
Se dit Joseph-Eugène-Emile,
J’ai des qualités (j’en ai mille)
Et m’aiment fœhn, simoun et zef.

Bien sûr, les vents – seuls - voyageant
Ne cherchent pas de camarade
Et ignorent le plantigrade
- Eût-il l’air sain et engageant -

Mais ils caressent tout passant
Offrant son corps et son visage
- Qu’il soit beau, laid, vieux, en bas-âge
Riche de vie ou trépassant. -

Joseph n’en sait rien ; la chaleur
De ces vents succédant aux bises
Est douce autant qu’habiles bises
Rosissant ses joues de pâleur.

C’est ainsi que sont ses amis
Ces jolis souffles à l’haleine
Egale au coton, à la laine
Aux fibres passées au tamis.

S’il les sent plus qu’il ne les voit
Il sait leur céleste origine
Et tout heureux il imagine
La main de Dieu dans leur envoi

Car une unique qualité
Exacerbée par l’être infirme
Est qu’il est sûr – je le confirme –
Qu’il vit dans l’immortalité

Sauvé par la Croix et la Foi,
Gavé de Sacré, de Merveille,
Soulagé que sur lui Dieu veille
Quand l’angoisse lui vient parfois.