Le soleil a chauffé pendant des millénaires Des montagnes, des mers, des peaux nonagénaires Avec sa longue flamme d’or Qui ne s’arrête pas de réchauffer encore Les matins se levant aux confins de l’aurore Quand la rosée sèche et s’endort.
Le chêne au tronc noueux et aux branches massives Garde le nid des pies lors des pluies agressives En bon patriarche puissant Qui prend le miel du temps et fait grimper sa cime Pour rassurer, lui, le chef généralissime, L’oisillon frêle et frémissant.
Le chasseur de gazelle est né dans la savane En lionceau joueur qui, depuis, se pavane Devant son harem qui le craint Par son poitrail ouvert et sa dense crinière Qu’il sait ébouriffer d’une égale manière Au cheval qui secoue son crin.
Le poète est l’enfant qui s’amuse d’une herbe Et qui devient un fin joueur de mot superbe Quand décembre éteint tous les ans Rallumés par janvier et l’autre aube nouvelle Se propagera jusqu’au creux de sa cervelle Tapissée de vers rutilants.
Sous son nez, bébé couve un duvet de jeunesse Appelé à pousser très dru afin que naisse Un futur poète barbu Qui aura vu et lu et parcouru la langue Française autant aimée qu’un jus sucré de mangue A savourer avec abus.
Avant qu’un poète ait envie de mer à boire, L’eau de source claire amorcera son histoire De marin sur son galion Scrutant lune et soleil qui vont dans la vieillesse Sans regret, sans peine, sans faiblesse et mollesse, Comme à terre le roi-lion.