Faisant fi du retard ou de l’avance, Il va sans sourciller, sans pli au front Dans la stricte rigueur de l’observance Du règlement dont il est le patron.
Il maîtrise en constance la cadence D’un rythme calqué sur l’éternité Etrangère aux forces de turbulence Démunies face à sa sérénité.
Patient, il a horreur d’être surpris Et s’attarde à fermer la longue entaille Sanguinolente d’un soldat qui prit Un éclat d’obus lors d’une bataille.
Métronome stoïque et appliqué, Il suscite raillerie et colère Mais il ne sera pas domestiqué Par un ordre fou : freine ou accélère !
La vénalité lui est étrangère Et ne s’enrichira pas sur le dos D’un prince héritier, de la ménagère En refusant prébendes et cadeaux.
Il ne sélectionne jamais personne Et s’offre sans chichis, sans tralalas, Mais, quand dans l’horloge il fait signe et sonne Il rappelle qu’il est là et bien là.
S’il accepte pensée, travail, loisir, Siestes, repos du soir, plongées nocturnes, Il laisse ceux qui sont en vie choisir D’aller à la mort gais ou taciturnes.
Qui veut le tuer (en prenant quelle arme ?) N’est, assurément, pas encore né Et devra verser sa petite larme En ne faisant que le voir s’égrener.
Qui peut le voir passer a l’œil perçant Car peu l’ont aperçu en promenade Allant volant sur un tapis persan De Téhéran (Iran) jusqu’à Grenade.
Temps, je t’emprunte juste un court instant Pour une anodine et simple balade Et celui qui te pense inexistant Doit – hélas - garder son lit de malade.
M’accompagneras-tu pour quatre vers Que j’écrirai à ces Hommes-Lumières Nés de la terre où grouillaient mille vers Qu’ils retrouveront dans les cimetières ?