Le temps a passé ; ce soir, il est tard ; Les pluies vont cesser, la glace est partie ; Les pieds sont collés dans un sol bâtard ; Le Sage, hélas, a perdu la partie.
René* l’avait dit : « gars, faites gaffe aux Roues qui tournent trop, aux gras gaspillages » Et il entendit : « c’est un gaga faux » Mais le Sage a vu les sacs, les pillages.
Nicolas** savait ; le gotha rua Dans les brancards et dans la terre ferme Mais l’atmosphère, d’un coup, s’obstrua Jusqu’à ce que la porte des cieux ferme.
Le Sage savait comme Nicolas Mais le cérumen bouchait les oreilles Des gars semant des graines de cola A la place des grappes dans les treilles.
Et tournèrent les roues du poids lourdaud ; Sortit l’âcre jus des puits de pétrole Et la truite, le goujon des cours d’eau N’assuraient plus du courant le contrôle.
Et s’entassaient les restes, les déchets Avec l’énergie propre au nucléaire Qui dopait queue et gueule des brochets Venus en mer dans un lieu balnéaire.
Le plastique avait remplacé le bois Et dans le papier s’extrayait la morve Qui file du nez quand la gorge boit Un vin frelaté sous le regard torve.
Le bœuf mélangeait avec le cheval Muscles, sang, yeux, queues, joues, langue et poitrine, Cachés derrière un loup de carnaval Impossible à démasquer en vitrine.
La fée moderne (l’électricité) Ayant pénétré le cœur du chauffage A magiquement vu cette cité S’éteindre à cause de son étouffage.
Le trop de trop – se dit-il – se finit Et le soleil, la marée, l’éolienne Font partie de ce qui se définit Comme une source néandertalienne.
Le Sage a parlé : les nez sont au mur Et le mur est la plus dure barrière Que genou, tibia, péroné, fémur Ne peuvent bouger d’avant ou d’arrière.
Le Sage a pleuré : les murs sont dressés ; Les eaux vont monter sur la vieille Europe ; Tous les messages seront adressés A Dieu dans les cieux : ce vieux misanthrope.
Mais il est trop tard, fondent coaltar Neige éternelle et gros blocs de banquise ; L’abeille est déjà privée du nectar Qu’offrait la fleur dans sa douceur exquise.