Le vent d’autan passa et glaça une rose Qui la veille encore se chauffait au soleil Et lui dit « zéphyre, j’attends l’eau qui arrose, La pluie d’ici qui donne un pétale vermeil Au coquelicot dans la blonde céréale Coiffée par la brise de son aile idéale. Ah ! La fleur que je suis a aussi un grand cœur Autant émouvant qu’une aurore boréale Fermée avant le soir du jour clair le vainqueur. »
La pluie viendra demain ou dans la nuit peut-être Mais la fleur ne sait pas que c’est un matin frais Qui détient l’avenir incertain qui peut être Une rosée glacée dardée par des d’or rais Ou le gel esseulé resté la matinée Empêchant la beauté d’être alors butinée Par l’abeille dorée ; Ah ! Quel malheur la fleur N’a pas la destinée d’une âme mutinée Et se ferme le soir sans verser un seul pleur.
Parla le vent d’autan avec la pluie sereine Et le soleil resta tranquille dans les cieux ; La rose pour chacun des trois est une reine Qui ne veut pas qu’elle d’eux détourne les yeux Vifs et si jolis sous sa robe épanouie Ouverte par la pluie de manière inouïe Et avant qu’aidé le soleil par le bonheur L’élance, l’aile du vent s’est évanouie Et le soir se ferme et s’endort en son honneur.
Rouge sang et bordant un talus, la verveine, A l’abri de la bise et gavée des rayons De l’étoile embrasée agite dans sa veine La sève nourrie de la terre des layons Qui s’en vont voir monts, bois, ruisseaux, plaines, prairies Où éparses croissent roses déjà fleuries, Coquelicots, genêts, lins, neigeuses verdeurs Perçus dans les cieux par les yeux bleus des féeries Quand le soir se ferme et que meurent les couleurs.