Le vivant se pend à la vie car le mort ose Rôder autour de lui surtout pendant la nuit Avec un outil si qualitatif qu’il nuit Aux pensées roses qui chassent l’humeur morose.
A l’aurore, le mort dort encore et se lève Vers huit heures quand le gant lave le vivant Qui, devant la glace et grâce à deux doigts enlève Un bouton purulent qui attend le suivant.
Le mort sous cape rit en regardant la scène De celui qui se dit quasi être immortel Alors qu’il est soumis au sort accidentel De voir son corps alerte échoir en Loire ou Seine.
Recevra son visage un tout nouveau pustule Qui éclatera en libérant ses petits Pressés d’aller gagner le coude et la rotule Peu à peu dévorés avec bel appétit.
Le mort, alors, discret, accompagne la marche - En ouvrant grand le nez - du très prochain défunt Qui laisse serpenter un lacet de parfum Derrière lui sans qu’il en ait fait la démarche.
L’odeur plaît à qui sait aimer la pourriture Et le vivant souffrant se quitte par lambeaux Avalés par le mort dont une nourriture Tapisse les tombeaux veillés par les corbeaux.
Le vivant, doucement, sent qu’il se décompose Et veut que le fleuve l’accueille dans son lit En lui ouvrant ses eaux et son corps dès qu’on pose En elles, celui-ci ne sent plus qu’il faiblit.
Le futur trépassé a dédaigné la terre Et ses os glisseront sous la houle de l’eau Où un cadavre est là qui, même sans fléau, Enroulé dans un flot, mord fort et réitère
Son action et son frère entre en son royaume Où trônent des spectres portant des gants en sang Agitant leur torche à la fumée qui embaume
Les macchabées humant l’ambre en bâtons d’encens Qui secouent leurs hanches dans les ombres dansant Au chant d’un requiem, la face sous un heaume.