Ne croyez pas que les arbres ne pleurent pas : Du sapin s’exprime la résine Et le saule larmoie à l’heure du repas Quand traîne sa racine et lésine.
Vous pensez peut-être qu’ils n’ont pas de souci En restant toujours à ne rien faire A part boire la pluie ; mais, le soleil roussit Leurs feuilles dont l’âme est aurifère.
Le froid les fige et les maltraite : c’est l’hiver Qui leur met sur le dos la fatigue Et le parfum de la plante de vétiver Se perd sur une amande, une figue.
Certains savent jouer et rire avec la brise Qui procure allégresse et frisson En parcourant leur tronc et leur feuillage frise Autant que le buisson polisson.
Ne croyez pas que les arbres ne savent rien : Leurs bras forts retiennent tant de choses ; Soyez sûrs qu’il sont bien au-dessus du terrien En voulant enlacer lys et roses.