Il s’est questionné : puis-je encore rêver Après une nuit noire et une aurore blême Inaptes à trouver la clé de mon problème Et qui ont résolu de me laisser crever ?
Nous voici à midi et qui vient me braver ? Un nuage mi-gris qui avance et menace De déposer son ombre à mes pieds et tenace, J’avance en espérant ne pas trop en baver ;
Mais, le coquin est vif, alors, sans m’énerver, Je déjoue son plan en me glissant sous un porche Et c’est à ce moment qu’au volant de sa Porsche M’a fauché jambes et pieds mon ami Hervé.
Comment est-ce arrivé ? Qui voulait m’éprouver ? Je ne lis ni dans le marc ni dans l’horoscope ; Quel œil passa la nuit rivé au télescope Afin de pouvoir tout rapproché m’observer… ?
Avec difficulté, j’ai pu me relever Et la voiture avait disparu dans la rue ; La fourrière est venue avec sa grande grue Et la souleva dans les airs pour l’enlever.
Je suis rentré chez moi pour un peu me laver Et m’essuyer le front où perlait une goutte Avant que toute la vie d’un coup me dégoûte Mais Dieu avait eu le souci de me sauver.
Du cauchemar a-t-il voulu me préserver Alors qu’il m’avait – nom d’un chien – rendu visite : « Dis, ami, fais entrer ton rêve et s’il hésite Rassure-le : que pourrait-il lui arriver ? »
Les belles bulles bleues destinées à rêver Ont du se dégonfler au bord du crépuscule Pour que l’aurore les disperse en groupuscule A moins qu’un claquement de mains les fit crever.
C’est ainsi qu’il perdit l’idée de conserver Une journée tournée vers le désir de vivre Et le problème né la nuit vint entraver Le cheminement qu’il s’obligeait à poursuivre.
Le nuage gris a passé pour le priver De marcher calmement dans la rue ordinaire Et l’auto a foncé et faillit achever A la fois sa matière et son imaginaire.
Quel gâchis ! Quel malheur de ne pouvoir rêver Surtout quand on ne sait pas comment il faut faire ; Que ce soir sa pensée sèche aille s’abreuver A la source claire prête à la satisfaire
Et les difficultés, tour à tour, se noieront ; Le cauchemar fera au rêve de la place Et les fées étoilées danseront et boiront
Une eau vive froide plus qu’un cube de glace Qui surprend brusquement, puis qui prend et enlace Leurs fées-sœurs enfiévrées qui peur dans le noir ont.