Les gestes de toujours sont ceux de la journée : Des passages de sel, de sucre et de témoin ; Des apéros remis après « c’est ma tournée », Des gestes généreux même quand on a moins.
C’est la main qui se tend pour qu’elle soit serrée Et la joue qui attend les lèvres du baiser ; C’est le regard posé sur l’épaule espérée Et la nuque massée pour le stress apaiser.
C’est préparer la soupe et la porter en bouche, Casser la croûte et la mastiquer longuement, Déplier les draps blancs sur la moelleuse couche Pour que le corps s’étire en rêvant vaguement,
Se brosser moustache, barbe, cheveux, quenottes, Promener le savon du front jusqu’au menton Avec l’agilité de ces jolies menottes Que nous aimons même si nous le démentons,
Laisser ce matin-ci, la bagnole au garage Avec l’idée d’aller user ses saints souliers Sur les braves trottoirs au bon cœur à l’ouvrage Qui supportent tant de va-et-vient singuliers.
Le lacet bien noué n’est pas à délacer Si l’audace nous pousse à une longue marche Consacrée en premier à l’être à délasser Peu enclin à passer sous la glorieuse arche…
Et cueillir une mûre accrochée au roncier, Se déchausser, tremper ses pieds dans une mare (Qu’on lit souvent dans le récit d’un romancier) Et étendre tout son long si l’on en a marre.
L’acte d’amitié est la pièce à donner Au mendiant passant qui n’a plus d’espérance, Capable, peut-être, un jour, de nous pardonner De l’avoir si longtemps laissé dans son errance.
Et de retour, grâce à l'habile coup de patte, On mélangera le sel, la farine et l’eau Qui pâte onctueuse formée le four épate Et cuira le pain qu’on peint dans un beau tableau.