Les jours de l’amitié ne sont éteints qu’à peine ; Viendront soir et matin tenir la main du jour Et les éloignements accourront en amour Consoler la douleur de la pauvre âme en peine.
La fracture est vive et la soudure est solide Si le temps prend le temps de rapprocher les yeux Qui ne se voyaient plus, perdus dans mille lieux Où ne se rencontre que la foule invalide
Handicapée d’égards, affublée de tristesse Racornie et prostrée sur l’éternelle peur Qui domine les cœurs de son glaive trompeur Convaincue qu’il est bien le bras de la justesse.
La foule aux yeux sans vue qui nage dans un fleuve Emportant lentement les corps dans son courant Attend peut-être que d’un seul coup le ciel pleuve Et qu’elle sortira de ses eaux en courant
Pour se réfugier dans une grotte aveugle Où se sent la sueur exprimée par les peurs Des ensembles de gens (cent mille handicapeurs) Qui hurlent leur frayeur aussi fort qu’un bœuf beugle.
Ils ne se verront qu’un tout petit peu, à peine Par le jour qui n’entre qu’un œil après le seuil Mais ils flaireront l’âcre odeur de vieille peine Avant de revêtir les habits noirs du deuil.
Et ils se diront de tous mourir avant Dieu : Parfumons nos chauves sourires ; un vampire Humera, sucera le sang blanc de nos yeux Rougis de pleurs amis bâtissant un empire.