Les lettres du clavier sont frappées par mes doigts (Ne voulant pourtant pas en rendre une malade) Mais si j’ai décidé de les sortir je dois Les bousculer pour qu’on aille ensemble en balade.
Comme ça fait du bien de respirer l’air frais Me disent b, i, s, e, le nez dans la bise ! Et moi venu entre « b » et « i » je souffrais Que mon « r » soit rugueux sous l’aile de la brise.
Les c,h,a,n,t rassemblés pour un chant Se promènent avec au bras la mélodie Qui plait aux fleurs des champs, aux poètes cherchant A suivre avec soin les règles de prosodie.
Allez l, o, u, p, ameutez-vous en loup Et grimpez voir si au sommet de la montagne Bêle un mouton fidèle au berger andalou Campant sur la Sierra Nevada et l’Espagne.
Je chahuterai les trop inutilisées : Les double-vé, les zed, les ix et les ygrec Que je présenterai sur les champs Elysées A de vrais écrivains dont un vieux pâtre grec.
Je ne ménagerai aucune de tes lettres Mon cher clavier, mon vieux compagnon au bon dos Qui m’autorise à ne plus envoyer de lettres En laissant p et t poursuivre leur dodo.
Tu es conscient de ta grande utilité Et tu acceptes sans sourciller la souffrance Pour que puissent pousser dans la fertilité Les fleurs poétisées de l’éternelle France.