On s’assied tous les deux au creux de ce chemin Sur ce banc de sapin seul attendant l’automne ; Je me sens si bien qu’un air vient et je chantonne En couvrant de ma main le dessus de ta main
Posée à plat entre la cuisse et le genou Avec sérénité et j’entends mon cœur battre Dans mon pouls comme les coups donnés au théâtre Avant que se lève son rideau devant nous.
Nous nous rassasions d’un sentiment profond Goûté au seul bonheur de nous tenir ensemble, Sans un mot prononcé sur la lèvre qui tremble, Sans un baiser brûlant sur la tiédeur du front.
Nous n’osons offusquer l’épaisseur du silence Où des désirs montants feraient presque tomber Nos mains abandonnées en totale indolence Cherchant seulement à frémir sans succomber
Jouant de nos dix doigts enlacés tendrement Alors que notre souffle à peine perceptible Rappelait ce dimanche où le saint sacrement Scella notre amour dans un roc indestructible.
Nous n’avons, ce jour-là, pas gravi de montagne Ni cherché dans le ciel nos âmes rajeunies Mais, sur ce banc de bois trouvé dans la campagne, Nous nous sommes aimés, muets, les mains unies.