Lisait-il mes écrits ? Cette pensée me ronge Et quand je l’invoquais, je l’appelais Inri ; Il se dressait parfois au long d’un profond songe Devant moi et je crois qu’un soir il m’a souri.
Au début non choisi, il devint mon ami Assourdi par mes cris roulant dans la détresse Emportant ma fureur ainsi qu’un tsunami Inondant le pays dans sa vague traîtresse.
Ce n’est que bien plus tard, avec quelque retard Que j’eus une réponse accordée par le nonce : « Je te le dis sans fard, tue en toi le bâtard : Au cœur de tes ronces, ton paradis s’annonce.
Il n’est pas de doute que la plus fine goutte A raison de la pluie qui la toise de haut ; Reste donc à l’écoute et vois si ça te coûte De ramper ventre à terre et de laper de l’eau. »
Je me rappelle le malaise et le vertige Que j’avais éprouvés quand je fus emmené En haut d’une falaise à deux pas du vestige D’un bunker épargné en baie de Douarnenez.
L’horizon était loin, je ne distinguais rien Qu’une espèce bleutée qui semblait immobile : L’oiseau n’était qu’un poing, je n’entendais pas bien Son cri et tout à coup, je vomis de la bile.
Attiré par un lieu où sur un arbre en croix Un mi-nu a dans les mains, les pieds, une pointe… Il me dit « viens vers moi, est-ce que tu me crois Si je fais vivre un corps auquel son âme est jointe ?
Approche et plaque ton oreille sur le mur… Entends-tu l’aigu chant de la baleine verte Que personne n’entend à part un esprit mûr Sûr que la porte des océans s’est ouverte ? »
Je m’exécutai donc et le cri du silence Bourdonnait sourdement comme un frelon captif Dans un ventre brûlant atteint par une lance Qui a cru tuer Dieu et son Fils adoptif.
Je compris où était une et indivisible La Vérité cherchée dans la grande hauteur Et loin du laudateur ; elle était invisible : Inscrite dans mon cœur par le meilleur auteur.