Les océans sans fond sont peuplés de poissons Si affreux que ne va pas les voir la baleine Qui veut que ses fanons gardent sa bonne haleine En multipliant le nombre de ses moissons.
Le puissant cétacé chasse donc en surface Une, dix, cent, mille fois et se laisse aller La panse pleine de petits nageurs salés Aux yeux délicieux dans une belle face.
La reine des mers sait que dans les profondeurs L’épaisseur de la nuit est l’ennui de la vie Qui s’enlaidit, se fane et ne jamais convie L’amateur d’un beau thon plaisant à ses rondeurs.
Si restent près du sol crocus et primevère, Sous terre est le règne de la taupe et du ver Dont les yeux ne voient pas sur le pré tendre et vert Les fleurs lumineuses que le monde révère.
Le magma du volcan, la fange de l’étang, S’ils sont bus, par hasard, donnent mauvaise haleine Et s’ils nageaient en eux, cachalot et baleine Deviendraient des affreux jusqu’à la fin des temps.
Plus l’oiseau vole haut, plus légère est son aile Et plus il peut toucher la barbe du bon dieu Aussi blanche qu’est clair un matin radieux Qui se confond avec la toison d’une agnèle.
Les océans sans fond sont des nuits sans étoiles Où des monstres se font dans l’épouvantement Sans qu’ils auront connu jamais l’enchantement Des araignées tissant en rosaces leurs toiles.