Moquer le mendiant sans dent, Monter la rue en fixant l’horizon pendant Qu’on prend un poteau dans la poire Venu sans écritoire En descendant.
S’économiser un bonjour, Courir les magasins à toute heure du jour, L’œil brûlant de fièvre acheteuse Et la main fureteuse Cherchant l’amour (?)
Accepter de tout acheter Parler conséquemment des tonnes de déchets Tristement irrécupérables, Voyous indésirables : Bons à jeter.
Ne pas chanter dès le matin, Courir après le train, le ronron du train-train Pour se payer la belle auto, le billet du loto : Foutu destin.
Lire un poème de Verlaine Avant le foutbol, le bistrot, l’arène pleine Où penalty, canon, excès Atténuent les décès Dus à la haine.
Combattre l’ennemi à mort Aimer patrie, amis, fratrie du même bord Rassemblés en paquet-cadeau Avec trois mots au dos « Es el amor »
Dédaigner la fleur d’oranger Nier le gras péché dont on sait le danger En le cachant sous la moquette Ou chez une coquette A l’étranger
II
Errer dans un mortel ennui, Se laisser distraire par les jeux de la nuit, Pour devenir zombie diurne Proche des cendres d’urne, L’espoir enfui.
Avancer sa nécrologie, Se mettre à table dans un gueuleton-orgie En imitant des rois sans foi Où leur foie fait la loi, Pas l’énergie.
Se rassasier de chair fraîche, Accrocher la peau douce avec une main rêche Une fois ôtés les dessous Payés avec des sous Ou une sèche.
Troquer de l’argent pour de l’or L’enfermer dans un coffre-fort et lorsqu’il dort Le parcourir d’une caresse Avec cœur et tendresse : Non, mais, alors !
Armer sa bouche de l’insulte Encourager l’enfant à pratiquer le culte De la haine de son prochain Qu’il soit truc ou machin Jeune ou adulte.
Convoiter porc et truie d’autrui, Désirer les pépins et la peau de son fruit Puis l’achever d’un coup d’épée Un soir, dans la cépée, Seul, sans un bruit.
Moquer le mendiant sans dent S’économiser un bonjour Accepter de tout acheter Ne pas chanter dès le matin Lire un poème de Verlaine Combattre l’ennemi à mort Dédaigner la fleur d’oranger