Vos
poèmes

L’orgueilleux maître à Momo dit :
- Rien ne va plus haut que l’école
Et le roi du savoir maudit
Qui croit que sans zèle on décolle.

Ton père fut un militaire,
Baïonnette et sabre à la main ;
Ta mère une inégalitaire
Adopta le culte romain.

De quoi ces gens t’ont-ils nourri ?
De fusil, de drapeau, d’église ?
Ce parti pris est si pourri
Que sous terre il se fossilise.

- Maître, en moi vit une lumière
Qui m’éclaire et m’ouvre les yeux
Et quand je dis une prière,
Je ne vous vois plus, je vois Dieu.

Papa mourut de ses blessures
Pour la France et pour ses enfants ;
Maman pieds nus dans ses chaussures
Trottinait en se décoiffant

Devant un bloc mort de soldat
Et sous la croix de ce débile
Qui n’avait pas reçu mandat
Pour pisser sang, urine et bile.

J’ai dix ans et je vous apprends
Que dans la nuit noire on voit goutte,
Que dans le jour blanc se reprend
Le mets frais que la bouche goûte.

Maître, jamais, dans les ténèbres
Les hauts chevaux cerclés d’argent
Et de charbon font de beaux zèbres :
Les Enfers sont intransigeants.