Partir, non merci, en Calédonie Et quitter ma Franche-Comté Où ma mère m’a toujours raconté Qu’en dehors du Jura vit la monotonie.
« Où pourras-tu traire et soigner ta vache En l’accompagnant jusqu’aux champs Avec ton bâton noueux et des chants Dans la gorge aussi clairs qu’un vin doux de grenache ?
Où t’en iras-tu faire la cueillette Des pieds de mouton, des bolets Et déguster le bon fromage au lait Cru du Haut-Doubs grâce au veau et à sa caillette ?
Et les racines de gentiane verte Qui donneront une liqueur Réjouissant le palais et le cœur Qui vont le dimanche soir à sa découverte ?
Et l’hiver pendant la longue veillée Quand tout le village est chez toi A blaguer dans un vieux patois comtois Qu’on écoute en tendant l’oreille émerveillée ?
Connaîtras-tu les lacs et les rivières, Les tilleuls et les grands sapins Dont on a fait les cages à lapins Et derrière chez Jean le terrain aux ravières ?
Personne ne sait le charme de Mouthe Où coule la source du Doubs Quand l’hiver à moins trente est assez doux Pour que tous les aînés enlèvent leur moumoute.
Tu es d’accord que pas une saucisse Ne pousse en dehors de Morteau Ou de Montbéliard et si l’on mord tôt Dans sa chair il se peut que la cuisse durcisse.
Non, je n’irai pas en Calédonie Et ne verrai pas Nouméa ; Je laisse ouvert en grand tous mes méats Pour que l’air du Jura entre en ma colonie.
Je ne partirai pas pour la Calédonie Quand mon paysage est ici en harmonie Avec Nouméa et son port Où l’eau du Pacifique est celle de nos sources Qui arrive après son transport Adoucir un lagon en quête de ressources.