C’est un grand avocat, un ténor du barreau De Paris. Il plaide en mettant le point sur l’i Et jette ses mots dans l’arène ; le taureau S’exprime avec emphase en traitant d’un délit.
Maître Hulain* touche au cœur ! Le juré est sensible A son ton débridé, à sa verve enflammée ! Une loquacité qui fait de lui la cible D’une presse vorace et de crime affamée !
La plaidoirie de trop survint lundi midi En arguant que Jeanjean n’était que président De la boule lyonnaise et le juge lui dit : « C’est une autorité ! vous êtes médisant !
Je ne vois pas pourquoi il serait incapable De tronquer le cash-flow de la banque de France. Oui ! Messieurs les jurés, cet escroc est coupable Et recevra une sévère remontrance. »
Aussitôt, les journaux ont publié l’affaire ; Les rédacteurs en chef voulaient la peau d’Hulain Qui se frottait les mains et sa bague aurifère En sifflant un refrain d’un air fort masculin.
Après bien des débats faits de hauts et de bas Chacun a convenu du propos excessif De l’accusation dans ce mauvais combat Livré dans le seul but d’un acte répressif.
Maître Hulain, confia au « Matin » : « L’être humain Est souvent incertain, souvent irresponsable A juger son semblable et trouve sous sa main Le coupable idéal, le Martin misérable
Car ce brave Jeanjean était le balayeur De l’établissement mais il avait volé A douze ans et demi l’huître d’un mareyeur ; Condamné, il ne s’en est jamais consolé. »