Maman, je me souviens du muguet qu’on cueillait Dans les bois frais où l’on respirait la fougère, La sève du sapin et la mousse légère En cherchant, en riant, le parfum de l’oeillet.
Rappelle-toi ce chien qui flairait nos mollets Quand on passait devant la bicoque d’Alphonse Qui sortait et hurlait « voulez-vous que j’enfonce Mon pied dans quelque part ? » et je tais ses mots laids.
Ah ! Ce quinze août ! Dans le ciel brillait une étoile, Une seule et tu sus me décrire Véga Et je pensais, ma mère, attention les gars, Est un peintre qui n’a pas besoin d’une toile.
D’un morceau de gentiane, on créait un pipeau Qu’on perçait de six trous pour charmer les mésanges Et moi, je sifflais fort pour qu’entendent mes anges A qui je pense quand je suis mal dans ma peau.
Il est tard, il est nuit, je tremblote et je t’aime : Je suis dans mon lit que je ne quitte jamais ; Tu me souris mère veilleuse qui m’aimait Et me calmait dans l’eau claire de mon baptême.
Je n’avais pas prévu d’être si tôt malade Et d’être privé de ton parfum au jasmin, De tes veinules bleues sur le dos de ta main Qui gonflaient lorsque tu secouais la salade.
Tu ne m’apportes rien, pas de fleurs, seulement Un visage aussi blanc que mon visage est blême, Déformé, torturé, confronté au problème De s’éteindre avant que s’éteigne sa maman.