Ah ! Ce jour de lundi pire qu’un vendredi Où une limande au lieu de la vendre, dit Jean le poissonnier, fut jetée à la poubelle Sous prétexte qu’elle n’était plus la plus belle
A mis le feu aux joues de José le marchand De légumes qui a reconnu en marchant Dans la rue son odeur ; jamais rien ne console Marthe du gâchis qui a lieu chaque matin
De quignons de pains, de queues de raies et la sole Agrippée par les crocs du chien d’Alain Martin Qu’il tua ; du sang lui resta sur une manche Ardu à détacher ; il passa le mardi,
Le mercredi et le jeudi jusqu’au dimanche, A frotter le tissu, sans résultat, pardi Et Marthe émue lui prit la manche avec la veste Pour une petite lessive et pour le reste
Elle verra s’il lui faut par nécessité Enlever ses habits pour un grand nettoyage Dont le coupable est au départ le gaspillage Qui mit Martin dans un sac de nervosité.
Et José dit à Marthe : « à cause d’une sole Vous envisagez un beau geste qui console Et si vous lavez bien, sera reconnaissant
Ce si brave Martin qui le bien connaissant S’exclamera : « voilà qu'à cette tache grâce J’accepterai de vous la belle même tâche. »