Martyrise ton cœur et ta peine toi-même ; Ne laisse pas un autre éteindre ton enfer ; Essaie de conjurer l’hérétique blasphème En taisant devant Dieu que ton âme est en fer.
Assouplis-là en la frappant sur un écueil ! Garde fermé ton œil sur la blessure ancienne ; Ne chante pas d’antienne et ne fais pas accueil Aux preuves esquivées par la cartomancienne.
Le volcan bout en toi : Il n’est pas au-delà De ton pas qui s’allonge en portant ta carcasse ; Tu cherchais le bon toit quand ton cœur chancela… Mais, tu hurlas : « il faut que je me décarcasse »
Laisses-tu s’épandre la douleur chaque fois Qu’accourt l’effroi glaçant de ne plus rien comprendre ? N’es-tu pas mordu par la grâce et par la foi Quand tu trembles de froid, acculé à te rendre ?
Veux-tu phagocyter souffrances et poison Qui grignotent ta vie ? Alors, enjoins l’angoisse Et la gluante poisse à briser la cloison De l’étanche prison de ta vieille paroisse.
Flagelle-toi avec bâtons, fouets et chaînes ; Des hommes énormes, poilus, fessus, imbus De leur force à l’écorce égale aux puissants chênes Sont issus des mêmes monstrueuses tribus.
Tu es au milieu de l’arène et le combat Commence avec une entrave entre les chevilles Et le premier pas que tu fais te met en bas A tel point que – vexé – tu te recroquevilles.
Tu es un gladiateur : prends le bouclier d’or ; Bats-toi jusqu’à la mort en usant ton courage ; Le cygne, avec le preux, aiment chanter la mort Avant d’expirer, seuls, le cœur empli de rage.
Dans l’œil du lion tu lis son amer regret De n’être plus le roi des animaux : tue-le ; Toi aussi, petit, tes amis te dénigraient ; Pas de sentiment : tue, écorche-le, tue-le !