L’âme des jours, des voix et des soucis est lasse Et contrite d’avoir laissé pluie, ciel mi-gris Entretenir le spleen qui l’alourdit ; sa masse L’aplatit là très bas où elle a ses abris.
J’essaie de rassembler un reste de raison Pour éviter de me laisser à la folie, Enfermé dans une pièce de ma maison Avec la compagnie de la mélancolie.
Je songe en regardant Jésus mort sur la croix Qu’il a souffert autant que la petite bête Ecrasée par des doigts dont l’ignorance croit Que ne monte pas la douleur jusqu’à sa tête.
Sans conteste, je suis l’ami de mes chéris Sachant ramper, marcher, ruser ; je les observe Papillonner, voler, courir et je guéris En sachant qu’ils puisent la vie dans leur réserve.
Je peux les imiter – oh mon dieu - juste un peu ! Eux qui depuis longtemps habitent la nature En ayant contraint l’eau, le vent, le froid, le feu A les admettre égaux à toute créature…
Abeilles, grillons, vers, votre famille insecte Bien plus nombreuse que celle de l’être humain Ne se dévergonde guère dans une secte Car elle sait d’instinct humer lys et jasmin.
J’aime les puérils, les doux à l’innocence Héritée des lignées très éloignées du Mal ; Mais tous les périls dont ils prirent connaissance Les classent cependant dans le monde animal.
Quand mon âme est lestée par le poids des cafards, Je ne soulève pas jusqu’à mon cou ma chienne Mais je suis la file des fourmis, des cafards Processionnant dans l’église Saint Etienne