Je t'ai vue, buste droit, allure décidée, Cheminant, assurée, sur ce trottoir étroit, Le visage fermé, à peine intimidée Par ces garçons sûrs d’eux (surtout quand on est trois.)
Le soleil de septembre a coloré tes joues De nuances de fauve et de bronze cuivré ; Tes cheveux noirs volent dans le vent et tu joues A tenter de semer ce groupe désoeuvré.
Je me rappelle, ému, les années de l'enfance, La tendresse engendrant la caresse-douceur, Les larmes et les pleurs, tes armes de défense, Lors d’un chagrin causé par ta mère ou ta sœur.
Aujourd'hui, te voici, accomplie, déjà femme, Cherchant à t'élever en attisant le feu Qui couve en ton âme et une géante flamme Jaillira et ira lécher les pieds de Dieu.
Tu ne crains pas plus la chaleur que la froidure Et tu prends le chemin dès l’aube qui conduit De l'éclat de l'azur dans un champ de verdure Aux dorures du soir, préface de la nuit.
Tu attends, confiante et sans perdre patience D’offrir et ta fraîcheur et le sang de ton cœur ; Garde-toi du tumulte et cultive en silence Au jardin du bonheur ton éternelle fleur.