Les flocons de neige ont entamé leur descente Pour voir et savoir si le sol est accueillant En s’étant vêtus sans tenue blanche indécente Dans un déplacement lent et moins que bruyant.
Ils se côtoient dans un impressionnant flot Que chemin, champ, vallée, prairie, mont, terre ou tuile Accueillent tout heureux de toucher un beau lot Egal à la mer calme ondulant sous une huile.
Leur voyage souvent se déroule la nuit Afin de provoquer au matin la surprise D’un Sudiste qui n’a pas l’habit de l’Inuit Pour affronter le froid placé sous leur emprise
Mais qui se réjouit de ce blanc couvrement Aplatissant couleurs, ampleurs et salissures Dans un tableau unique et pour le coup vraiment Dérobant à la vue les plaies des meurtrissures.
Cette armée pacifique est l’amie des enfants Sur laquelle ils glissent en la rendant si lisse Que ces jeux interdits le sont à biche et faon Moins habiles qu’eux et retors à ce supplice.
Egale le flocon, la larme d’océan, Le pore, le cheveu, la fine particule, Faibles seuls et que le nombre a exaucé en Les unissant dans un ensemble majuscule.
La neige est composée de petits éléments Rassemblés comme les fils de la couverture, Les atomes d’eau de l’imposant lac Leman Et la nuée des cieux dont Dieu fait l’ouverture.
Les frères humains, les terriens sont moins nombreux Et n’ont pas la même densité gigantesque Mais ils sont plus guerriers et plutôt plus ombreux Puisque usés à brûler dans un enfer dantesque.
Ah ! Si seulement ils avaient le front neigeux, Blanche serait leur âme et fraîche leur haleine Mais s’accordent leurs corps à des cieux nuageux Quand les gouttes de mer grisent orque et baleine.
La neige ne veut pas tomber, elle descend Apporter lentement ses milliers d’enfants sages Aux cheveux, au pores, aux atomes de sang Tous unis, tout petits, aux semblables visages.
Ah ! Si seulement les humains se savaient rien D’autre que crins hennins foisonnant sur leur tête Que ne peut épiler un major Saint Cyrien Tant leur quantité le conduit à la défaite.
Les gouttes, les larmes, les nuées, les flocons De neige - oh la neige à presser entre les paumes Et non à enfermer dans de longs ronds flacons - Se donnent pour faire grandir l’âme des hommes.