Je me suis découvert une tare en retard Au moment du constat que j’étais à l’écart D’une catégorie bien au-dessus du quart Dont entièrement je me sentais à part.
Majoritairement, je vote pour la vie Ainsi que mes amis mi-tristes, mi-ravis De satisfaire aux bas instincts inassouvis De l’ogresse perverse et jamais poursuivie.
Majoritairement, je soutiens le bonheur, La santé, la beauté, Le pinard et le beurre, Les patates sautées, l’éternel jeu du leurre, Les voyeurs qui n’ont pas vu venir le malheur.
Et c’est à peu près tout ma singularité Car, je suis au restant, dans la minorité ; Je dirais même plus, avec alacrité Dans l’exemple-type de la médiocrité.
Hélas, pour le foutbole et les sports de combat, Le loto, le quarté et les cartes qu’on bat, L’apéro anisé pimentant un ébat Et pour les enrhumés du nez : comment ça ba ?
Je suis minoritaire et c’est bien mon ennui : Je me sens pourfendu et n’en dors pas la nuit ; Comme Georges, je suis : aux braves gens je nuis (Depuis qu’ils ont appris que je parle Inuit.)
Je suis introverti et mieux : silencieux, Aprement taiseux mais un air mélodieux Me vient quand je m’adresse aux anges blancs de dieu Dans le but avoué d’être élu dans les cieux.
On m’a dit : « Minot, ris ! T’es aussi grand qu’un grand Zinzin regardant un zozo dans son écran Ventiler son argent quand lui-même est à cran (En carence d’euros si l’on veut parler franc)
Je suis sous cinquante pour cent et sans le sou Que je vais quémander juste pour être saoul ; Honteusement, je me sens sens dessus dessous… (Mais je plaide pour qu’un mendiant soit absous)
La priorité est à la majorité Nous dit le dirigeant avec autorité Persuadé de la supériorité De la majorité sur la minorité.
Pourtant, un soir, ils sont allés tous écouter Un affabulateur qui les a fait rêver, Un sacré mythe errant qui les fera crever. Resté seul dans mon rang, ça ne m’a rien coûté.