Si ça devait venir, par un triste hasard, Je me verrais contraint d’en accepter l’augure Et ferais le ménage en ôtant mon bazar Dont la bouche et le nez que j’ai dans la figure.
Je ne suis pas joyeux à me faire à l’idée De devoir achever mon voyage ici-bas ; Je monterai aux cieux avec la peau ridée Pour avoir trop fumé et dansé la samba.
Si je devais choisir, j’aimerais mieux mourir Complètement vivant et avec élégance ; Je dirais même plus, j’aimerais mieux souffrir Avec de la folie et de l’extravagance.
Mourir de son vivant et ses dents (au moins trente), Même si les cariées sont des atrocités, Est l’idée à creuser qui semble cohérente Si Dieu nous appelle à être ressuscités.
Précipiter la mort en décalant la file D’attente des inscrits à la fatalité Est faire un croche-pied à celui qui défile Avec le jour lointain de sa natalité.
Chacun son tour, monsieur, la chair sera servie A l’asticot malin dont l’unique destin Est d’ambitionner le bon gras de la vie Avec bel appétit autour d’un grand festin.
Au jour de grande nuit, qu’on me tue la tristesse Au son des flonflons, des frelons sous les lampions ! Au rendez-vous des morts, qu’aucune poétesse Ne me dise : tu vas revoir d’autres champions !
Que d’un bond grimpe la morosité sur scène Et me fasse chanter dans la fraternité ! C’est le cadeau royal de cette fête obscène Dont je me souviendrai dans mon éternité.