Tu es venue avec mal au crâne et gros rhume Un ciré de marin un pébroc sans baleines Des doigts rosis chauffés par tes fortes haleines Pendant qu’opaque le ciel gèle sous la brume Enveloppeuse de toits, de portes en bois Et moi, marri, je bois
Défais-toi, sèche-toi, assieds-toi à ma table Te dis-je en te versant un verre de gentiane On dirait que tu viens de Phnom-Penh ou Ventiane Où le climat là-bas est autant détestable Qu’un chien roux qui te mord sous la pluie les mollets Et je tais mes mots laids.
A chaque printemps tu t’attrapes une grippe Aussi colossale que la trêve hivernale Et ne me parle pas de la crève infernale Que l’été te pend au nez et puis qu’il agrippe Avec son bon outil pour tenir en hiver Qui vide les nids verts.
T’es-tu bien rincée le gosier veux-tu reboire Un chocolat chaud un café une tisane Une verveine dont je te sais partisane Parce que tu m’as dit et je veux bien le croire Qu’elle aide à dormir et à digérer l’excès Et ça mon ex le sait
Tu souris tu vois mon fromage à pâte molle Que tu goûtes parfois avec un vin de pêche Prends-en un morceau il faut que je me dépêche De le terminer et avec ma patte folle J’irai en acheter un autre à Super U Puisque j’en suis féru
Je suis content que tu sois venue en visite Même si tu te tiens forcément à distance A cause d’un rhume et l’an dernier à Constance J’avais contracté un drôle de parasite Qui m’a obligé à comprendre l’Allemand Et j’eus mal salement
Tu vois pauvres de nous sommes de pauvres choses D’autant que le mal chez nous passe par la gorge Heureusement que je ne m’appelle pas George Et que tu as des joues plus rouges que des roses Quand t’enflamment gentiane et pêche mue en vin Ne pleurons pas en vain.