Elle n’a ni lieu, ni tuile, ni pierre, Et se pose autant au bord d’un étang Que dans le désert : « N’est-ce pas cher Pierre ? Et nous abrite quel que soit le temps.
Cassés les carreaux, forcées les serrures, Ôtée la porte, laissé le nuage, Le ciel bleu et noir couvrant nos carrures Partout où l’on veut que l’on emménage.
Ma maison à moi, c’est lui et c’est toi, C’est nous, réunis, (Comme les deux pôles) Qui la bâtissons ; on choisit le toit ? Ce sera François : voyez ses épaules !
Pierre assurera les fondations ; (Tu es le premier et toujours valide) ; Tu barreras les inondations Avec ta stature immense et solide.
Qui sera les murs ? Ce sera nous quatre ! Epais et massifs, trapus et costauds ! Tu connais quelqu’un qui peut nous abattre ? Peut-être le vent s’il se lève tôt !
Et pour le parquet, le soir on s’allonge Collés, serrés à la façon des chênes Au feuillage dense et la nuit on songe Aux cous entravés par de lourdes chaînes.
Jacques et Paul, les amis du voyage Qui connaissent bien pièges et dangers Planteront leurs yeux sur le paysage Pour y déceler des corps étrangers.
C’est notre maison de chair et de sang, De pieds et de bras, de lumière et d’ombre Qui tremble et qui bouge et monte et descend En toutes saisons, mais jamais ne sombre.