- Petit, raconte-moi ce qui fait ton malheur : Tu as le cœur gros et lourde est ta peine Empesant ton sang dans une douleur Qui te fait baisser les yeux que je vois à peine : Ils ont quelle couleur ?
Petit, montre-moi ce que tu tiens dans la main Qui ressemble à un pétale de rose ; « Je l’ai ramassé sur le blond chemin ; » - Il est sec et fané ; veux-tu que je l’arrose ? Mais, tu pleures, gamin ?
Petit, si c’est ainsi, je vais pleurer aussi Et à nous deux, tu vas voir, tu vas rire : On va mouiller cet enfant rétréci Pressé de s’allonger, tu sais, ce qu’il désire, C’est d’aller sans souci.
Oh, dis, tes yeux, tes joues et moi, mes joues, mes yeux, Se sont abîmés ; on est chiffonné ; Ton orphelin veut un geste pieux : Va chercher sa maman à l’aide de ton nez Pour qu’il se sente mieux.
Petit chéri, si tu vois ta mère en chemin, Embrasse-la en versant une larme Sur sa joue froissée comme un parchemin Qui se lissera et retrouvera son charme Et l’éclat du jasmin.