Poète ou romancier, qu’importe qu’on te nomme Dru rémouleur de prose ou ciseleur de vers, Ton postulat étonne et ton propos, en somme, Est d’appeler l’été ce qu’il s’y vit l’hiver. Tu vois la neige épaisse en blanc manteau d’hermine, Les rivières gelées en ruisseaux bondissants, Les troncs des arbres morts lavés de la vermine, Les visages fermés, le front resplendissant, Détachée, enjouée, s’en aller, une feuille Raser les chemins creux, se coller aux buissons Et l’amande attendant qu’une femme la cueille Pour qu’elle le lait doux devienne des cuissons. Tu vois expirer les cheminées des nuages Qui vont taquiner un soleil hospitalier Sous la voûte d’un ciel où les coloriages Ont des tons qui n’ont pas d’espace frontalier. Tu vois l’aïeul courbé occupé à sa terre, L’oiseau tombé du nid extraire encore un ver, La morsure du froid dilater ton artère Et ton lit couvert de feuilles de vétiver. Ô Poète-écrivain, poétesse-écrivaine, Avec ton encre bleue, tu fais rougir le sang Qui monte emplir ta bouche et ta langue est si rouge Que tu la tires sur le papier en laissant Choir une goutte-vie, une goutte qui bouge !