Goûtez la bonne pomme en son petit panier, La reinette à l’arôme aimé des Thénardier ; Son père habitué au gros jus de la treille Battait sa pauvre mère en l’appelant « la vieille ».
Pauvre enfant ingénue, menue, quasi chétive Au visage tordu d’expression craintive, Toute la semaine, du matin jusqu’au soir, Travaillait avec peine et souvent dans le noir.
Avec son courage, Pomme se bagarrait Et rêvait de courir les bois et les guérets. Ereintée, fatiguée, sa tisane avalée, Un matin, décidée, elle s’en est allée.
Elle a fui au lointain pour ne plus revenir De ce foyer malsain au triste souvenir. L’exquise et jeune pomme est du panier partie, Sans vergogne, sans gêne et sans contrepartie ;
Emancipée, elle fut découverte un jour Par un galant croquant sa chair verte en amour ; Un jus acidulé conquit toute sa bouche Et le fruit maltraité cessa d’être farouche.