L’oisillon bleu tombé de son nid de brindilles Est recueilli avec soin et ménagement ; Son bec fin et pointu lance ses banderilles, Ses ongles crochus me griffent sauvagement ;
N’aie pas peur, pinsonnet, je ne suis qu’un poète, Mauvais pour les sonnets mais du côté du cœur J’ai un peu de bonté et aucune boette A mettre dans mon sang comme fait l’arnaqueur.
Voudras-tu desserrer ton animosité Et me laisser t’aimer, pauvre petite bête Qui n’a pas su rester dans l’onctuosité Du domaine douillet qui protégeait sa tête ?
Le chardonneret, le roitelet, la mésange Me disent leur estime en sifflements joyeux ; Pour que m’aime l’oiseau, ciel, je demande à l’ange De voler aussi haut sans même ouvrir les yeux !
Pour que m’aime l’oiseau, mon dieu, je vous échange Ce que j’ai de plus beau : l’âme d’un Couperin, Le talent de Rostand, la blancheur d’un archange Contre un regard en coin d’un tout petit serin.