Vos
poèmes

Quand lente devant toi passe avec sa paresse
Une fille jolie rêvant d’une caresse
Prie le ciel, prie le ciel

Quand s’affaiblit un lys battu par un orage
Et qu’il résiste et se redresse avec courage
Prie le ciel, prie le ciel

Quand s’annonce la fin imminente du monde
En voyant déborder le fleuve qui l’inonde
Prie le ciel, prie le ciel

Quand un jeune garçon que l’idéal délaisse
Détache un chien errant étranglé par sa laisse
Prie le ciel, prie le ciel

Quand l’oisillon voyant sa maman qui s’envole
Garde son lit douillet par crainte qu’on le vole
Prie le ciel, prie le ciel

Quand un vieillard reçoit le tranchant d’une pierre
Et qu’il n’a pas le temps de faire une prière
Prie le ciel, prie le ciel

Quand en défaut l’esprit est pris par la matière
Et qu’il se réfugie dans un trou de ratière
Prie le ciel, prie le ciel

Quand la nuit ne sait plus montrer sa belle étoile
Au-dessus d’un navire aveuglé par sa voile
Prie le ciel, prie le ciel

Quand le mur de pierres fait pleurer la fenêtre
Qui ne voit plus la vie cette amie qui fait naître
Prie le ciel, prie le ciel

Quand le drame est l’absence éprouvante du charme
Que ne réclame plus même l’amère larme
Prie le ciel, prie le ciel

Quand l’amour est foulé par les pieds de la haine
Qui entrave les siens de boulets par la chaîne
Prie le ciel, prie le ciel

Quand la voix n’est qu’aboi à l’oreille d’un proche
Qui se casse pire que la robuste roche
Prie le ciel, prie le ciel

Quand le passant n’entend pas le chant du trouvère
Et ne croise la joie qu’en l’œil froid et sévère
Prie le ciel, prie le ciel

Quand l’arme à feu devant les yeux peureux le vise
Et qu’il oublie quelle est de la vie la devise
Prie le ciel, prie le ciel

Quand l’Ottoman Persan fend de son cimeterre
La tête a jeter aux terres du cimetière
Prie le ciel, prie le ciel

Quand la sœur-mère arrive à regarder un frère
Avec des yeux heureux qui font fuir sa misère
A eux deux Dieu et Ciel !